Le projet ferroviaire Gemini Trains, lancé par une équipe d’investisseurs britanniques et européens, entend bousculer le monopole d’Eurostar sur les liaisons à grande vitesse entre Londres, Paris et Bruxelles. À l’horizon 2028, la société prévoit de faire circuler ses premiers trains à travers le tunnel sous la Manche, avec une offre initiale de trois à cinq trajets quotidiens sur chaque ligne. À trois ans de cette échéance, le projet vient de franchir une étape stratégique majeure : la signature d’un partenariat avec Uber.
Dans un communiqué conjoint publié le 21 mai 2025, Gemini Trains et la plateforme de mobilité américaine annoncent un accord de co-branding pour la distribution des billets. Grâce à ce partenariat, les futurs voyageurs pourront réserver directement leurs billets de train Londres–Paris ou Londres–Bruxelles via l’application Uber, aux côtés des courses VTC, des locations de vélos ou des trajets en covoiturage déjà proposés dans l’écosystème Uber. Cette intégration vise à faciliter l’intermodalité et renforcer l’attractivité d’un nouveau concurrent dans le transport ferroviaire international.
Un projet ambitieux, porté par une figure du rail
À la tête de Gemini Trains se trouve Lord Tony Berkeley, ingénieur britannique de renom, ancien membre du comité de pilotage du tunnel sous la Manche dans les années 1980 et 1990. Son expérience des infrastructures ferroviaires et de la régulation européenne confère une solide crédibilité au projet, dans un contexte où les barrières à l’entrée restent élevées sur ce marché international très régulé.
Gemini Trains mise sur la libéralisation du rail en Europe pour s’implanter sur ce segment longtemps monopolisé. Depuis la mise en place du quatrième paquet ferroviaire européen, l’accès aux lignes internationales est ouvert à de nouveaux opérateurs sous certaines conditions. Reste à Gemini à obtenir les sillons horaires nécessaires, les autorisations de sécurité et à finaliser l’achat ou la location de rames à grande vitesse certifiées pour circuler dans le tunnel.
Uber, un levier de visibilité et de clientèle
Pour Uber, ce partenariat marque une diversification stratégique dans le secteur de la mobilité longue distance. Si la société avait déjà lancé aux États-Unis la réservation de billets d’avion et de cars, cette initiative européenne marque sa première incursion dans le train à grande vitesse. En devenant un canal de distribution clé pour Gemini Trains, Uber pourra capter une clientèle urbaine déjà familière de ses services, et ainsi simplifier l’expérience de bout en bout, du domicile jusqu’au quai.
Vers une alternative crédible à Eurostar ?
Le lancement de Gemini Trains pourrait rebattre les cartes sur l’axe Londres-Paris-Bruxelles, fortement fréquenté mais aujourd’hui desservi par un seul opérateur. Les promoteurs du projet entendent se différencier par une politique tarifaire agressive, un service client modernisé, et une expérience digitale fluide, notamment grâce à l’appui d’Uber. Si le pari est réussi, Gemini pourrait incarner une alternative compétitive pour les voyageurs d’affaires comme de loisirs, à l’heure où le train est plébiscité pour son faible impact carbone face à l’avion.
D’ici à 2028, de nombreux défis techniques, réglementaires et logistiques devront encore être relevés. Mais avec le soutien d’un partenaire comme Uber, Gemini Trains avance sur ses rails avec une crédibilité accrue et une ambition claire : réinventer la mobilité transmanche.