[Analyse] Le développement des ventes de voitures électriques en Chine

[Analyse] Le développement des ventes de voitures électriques en Chine

Au début des années 2010, l’industrie du véhicule électrique en Chine était quasi inexistante.  Depuis, la progression a été spectaculaire : les ventes dépassaient les 300 000 véhicules (voitures particulières, bus et utilitaires légers) en 2015 et avoisinaient les 800 000 en 2017. Les Chinois se fixent pour objectif 2 millions en 2020, 7 millions en 2025 et 16 millions en 2030. En ce qui concerne les voitures particulières électriques, la percée est déjà bien réelle : les ventes s’établissent à 600 000 véhicules en 2017.

Si la diffusion du véhicule électrique doit contribuer à dépolluer les villes et à réduire la dépendance aux importations d’hydrocarbures, elle vise surtout à donner naissance à une nouvelle filière industrielle – avec l’ambition de conquérir le monde. La Chine voit en effet dans la mobilité électrique un moyen de rattraper son retard technologique en matière de moteur thermique : de fait, les véhicules électriques remettent tous les constructeurs automobiles sur un pied d’égalité.

Longtemps absente du marché mondial de la mobilité électrique, la Chine s’accapare aujourd’hui 50 % de ce marché. Pour y parvenir, le pays a réussi à créer un écosystème d’acteurs nationaux couvrant l’ensemble de la chaîne de fabrication et d’utilisation des véhicules électriques. Il a su tirer profit de la taille très importante de son marché intérieur (le plus grand du monde), en appliquant une politique résolument interventionniste. Les autorités chinoises ont ainsi mis en place de fortes incitations directes pour compenser le surcoût à l’achat d’un véhicule électrique : subventions locales réservées jusqu’en 2017 aux modèles nationaux ou régionaux ; subventions nationales modulées en fonction de l’autonomie des véhicules. À cela s’ajoutent de nombreuses incitations indirectes : voies réservées, tarifs réduits pour le péage ou le stationnement, modulation de la fiscalité sur les immatriculations… Enfin, sur le marché crucial des batteries, les Chinois n’ont pas hésité à jouer la carte du protectionnisme contre les constructeurs sud-coréens, jusqu’à une date récente.
 


Car l’année 2018 marque un changement stratégique important : les subventions à l’achat diminuent fortement et vont même disparaître fin 2020, et des quotas de production seront imposés aux constructeurs locaux comme aux étrangers. Tous les constructeurs implantés en Chine devront réserver une part de leur production aux voitures électriques mais aussi s’engager sur des volumes de voitures à faible consommation de carburant. Ces quotas devraient encourager la mise sur le marché de véhicules électriques à des prix compétitifs à partir de 2021.
 
Concrètement, ces mesures devraient favoriser le basculement du marché chinois vers le véhicule électrique et du coup accélérer la conversion du monde à la mobilité électrique. Si les constructeurs français ou européens ne saisissent pas l’opportunité de l’essor du marché chinois, leurs concurrents, chinois ou étrangers, qui s’y seront développés auront un avantage compétitif évident, puisque c’est le volume de ventes qui permet les économies d’échelle et assure le succès d’un constructeur automobile. Que se passera-t-il ensuite, lorsque les constructeurs chinois, pour le moment cantonnés à leur marché intérieur, se lanceront à l’assaut du marché mondial ?

Source : France Stratégie
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